L'identification d'une seule victime peut augmenter de 36 % la volonté de faire un don.

Intervention · Les dons caritatifs

Résumé

Les émotions jouent un rôle important dans la prise de décision et peuvent influencer la décision des gens de donner de l'argent à une cause. De nombreuses organisations caritatives et autres organisations à but non lucratif luttent pour inciter les individus à contribuer à une cause et pourraient donc bénéficier d'une meilleure compréhension des facteurs qui influencent la décision d'une personne de contribuer ou non à une cause. Des recherches antérieures ont montré que les gens sont plus enclins à donner de l'argent à une cause où les personnes qu'ils aident sont identifiées, car cela suscite une réaction plus émotionnelle. Les chercheurs de cette étude ont voulu étudier l'effet des victimes identifiables et déterminer si l'impact était le même qu'il s'agisse d'une victime unique ou d'un groupe de victimes. Dans les trois études qu'ils ont menées, les chercheurs ont constaté que l'effet de la victime identifiable ne se produit que pour les victimes individuelles et n'a pas d'effet significatif pour un groupe de victimes.

Evaluation : 4/5 (Les résultats permettent d'orienter les incitations en faveur du bien social et il est facile de mettre en œuvre l'intervention)

Comment les détails d'identification et la taille du groupe de victimes influencent la volonté des gens de contribuer à une cause
Condition
Résultats
Victime non identifiée, célibataire Volonté moyenne de donner de l'argent à l'enfant malade : 47,17
Victimes non identifiées, groupe de huit Volonté moyenne de donner de l'argent à un enfant malade :  44.11
Age de la victime identifié, célibataire Volonté moyenne de donner de l'argent à un enfant malade : 26.45
Victimes’âges identifiés, groupe de huit Volonté moyenne de donner de l'argent aux enfants malades : 46,97
Age et nom de la victime identifiés, célibataire Volonté moyenne de donner de l'argent à un enfant malade : 73,19
Ages et noms des victimes identifiés, groupe de huit Volonté moyenne de donner de l'argent aux enfants malades : 44,74
Age, nom et photo de la victime identifiés, célibataire Volonté moyenne de donner de l'argent à un enfant malade : 83,90
Victimes&rsquo ; âges, noms et photos identifiés, groupe de huit. Volonté moyenne de donner de l'argent aux enfants malades : 43,48

Concepts clés

Effet de victime identifiable : la probabilité accrue que nous contribuions à des causes pour lesquelles nous connaissons des individus spécifiques et identifiables par rapport à des groupes de victimes non identifiées, en raison d'une plus grande empathie suscitée. Les facteurs d'identification peuvent aller d'un nom à des détails personnels, en passant par une photo.

Altruisme : pratique consistant à faire des sacrifices (qui peuvent être financiers) pour le bien d'autrui, et notre degré d'altruisme peut être influencé par divers facteurs.

Hypothèse de l'empathie et de l'altruisme : théorie selon laquelle notre volonté d'aider est motivée par une émotion empathique éveillée en nous.

Heuristique de l'affect : décrit notre tendance à nous fier à nos émotions pour prendre des décisions plutôt qu'à des informations concrètes et factuelles, ce qui peut nous faire dévier de la rationalité.

Processus affectif : lorsque notre système biologique déclenche une action ou un comportement en réponse à un nouveau stimulus.

Le risque en tant que sentiment : notre tendance à être trop influencé par des sentiments tels que l'inquiétude, la peur ou l'anxiété, qui suscitent des émotions fortes et nous poussent à prendre des décisions qui s'écartent de la meilleure ligne de conduite.

Le problème

Le rôle des émotions

S'il est aujourd'hui largement admis que les émotions peuvent influencer de manière disproportionnée les décisions que nous prenons, il n'en a pas toujours été ainsi. Avant les découvertes des sciences du comportement, les universitaires supposaient que les gens prenaient des décisions rationnelles et objectives. S'appuyant sur les connaissances acquises à la fin des années 1990 et au début des années 2000, les chercheurs ont voulu explorer le processus affectif et l'heuristique de l'affect pour voir comment une réponse émotionnelle entre en ligne de compte lorsqu'il s'agit de faire un don.

L'effet de la victime identifiable

L'idée que les gens réagissent plus émotionnellement aux vies individuelles qu'aux statistiques a été proposée pour la première fois par l'économiste Thomas Schelling en 1964, puis étudiée par George Lowenstein et Deborah Small. Lowenstein et Small ont constaté que les gens étaient plus enclins à donner de l'argent à une victime identifiée qu'à une victime non identifiable. Par exemple, si l'on vous dit que votre argent servira à aider Sarah, une tétraplégique de 12 ans, vous serez plus enclin à faire un don que si l'on vous dit que votre argent servira à aider quelqu'un qui est tétraplégique.

Se mettre à leur place

Alors que Lowenstein et Small avaient émis l'hypothèse que l'effet de victime identifiable était dû à l'excitation des émotions, les chercheurs ont voulu démontrer plus directement une relation entre l'effet de victime identifiable et l'hypothèse de l'empathie et de l'altruisme. Pour éprouver de l'empathie pour quelqu'un, il faut pouvoir se mettre à sa place et adopter son point de vue. Kogut et Ritov ont suggéré qu'il est plus facile de le faire lorsqu'on peut identifier la victime, car on dispose de plus de détails auxquels on peut essayer de s'identifier.

En outre, les chercheurs se sont rendu compte que les victimes identifiables sont souvent évoquées dans les singularités. La façon dont les humains traitent les individus et les groupes est différente, ce qui pourrait être un facteur expliquant l'effet de victime identifiable. Kogut et Ritov ont donc voulu voir si l'effet de victime identifiable se produirait également pour les groupes.

Conception

Les chercheurs ont mené trois études différentes afin de démontrer les liens entre les différents concepts des sciences du comportement, tels que l'effet de victime identifiable, l'hypothèse de l'empathie et de l'altruisme, et les différents processus cognitifs qui se produisent lorsque nous rencontrons des individus.

Étude 1 : Volonté de contribuer à la victime identifiée

Pour confirmer l'hypothèse de la victime identifiable, les participants ont été placés dans l'une des huit conditions. Dans la moitié des cas, les participants devaient lire une histoire décrivant un enfant malade unique, avec différents degrés d'identification (non identifié ; âge seulement ; âge et nom ; âge, nom et photo). Les quatre autres conditions demandaient aux participants de lire une histoire similaire décrivant un groupe d'enfants malades, avec les mêmes degrés variables de détails d'identification. On leur disait que l'enfant ou les enfants avaient besoin d'un médicament pour guérir leur maladie, mais que ce médicament étant très cher, ils devaient collecter de l'argent. On a demandé aux participants s'ils étaient prêts à donner de l'argent pour sauver l'enfant ou les enfants et combien d'argent ils donneraient.

Étude 2 : Rôle des émotions empathiques

Afin de déterminer la différence entre les émotions suscitées par les victimes identifiées ou non identifiées et par les victimes individuelles ou collectives, la deuxième étude a demandé aux participants d'évaluer leurs sentiments de détresse et d'inquiétude après la lecture d'une histoire sur un ou des enfants malades. Les participants ont à nouveau été placés dans l'une des huit conditions et, après avoir fait part de leur volonté de contribuer, ils ont été interrogés sur leurs sentiments de détresse et d'inquiétude. La première question portait sur leurs sentiments d'anxiété et de détresse, afin de vérifier si le phénomène du risque en tant que sentiment se produirait, et la seconde sur la sympathie et la compassion.

Étude 3 : Montrez-moi l'argent

Les deux premières études demandaient aux participants s'ils étaient prêts, en théorie, à verser de l'argent à la cause. Cependant, lorsque la contribution n'est plus hypothétique, les chercheurs ont voulu voir si l'effet de la victime unique identifiable se produirait encore. Lorsqu'on leur a demandé de dépenser de l'argent, les participants ont pu être influencés par la rationalité économique. Les participants ont été placés dans l'une des huit mêmes conditions, ont lu la même histoire, ont eu la possibilité de donner de l'argent et ont ensuite été invités à divulguer leurs réponses aux mêmes questions sur l'excitation émotionnelle.

Le cadre des 4E

Les chercheurs ont voulu étudier comment le comportement des gens pouvait être influencé en fournissant plus d'incitations et/ou d'émotions, dans l'espoir d'influencer un comportement socialement bénéfique. Le cadre des 4 E suggère que les interventions qui visent un résultat souhaité, comme persuader les individus de faire des dons pour de bonnes causes, doivent permettre, encourager, engager et exemplifier. Dans le cas de l'effet de victime identifiable, le comportement de donateur est principalement encouragé et engagé par l'utilisation de plus de détails et le positionnement efficace de la cause.

Résultats et application

Singuliers et groupes

Les études ont révélé que les facteurs d'identification avaient un impact considérable sur la volonté des participants de contribuer lorsqu'il s'agissait d'un récit sur une victime unique, mais que le fait de disposer d'un plus grand nombre d'informations d'identification sur un groupe de victimes n'avait pas d'impact significatif sur la volonté des gens de contribuer. Alors que la différence de volonté de contribuer entre les participants ayant lu l'histoire d'une victime unique et non identifiable et celle d'une victime unique et identifiable avec nom, âge et photo était de 36,73, la différence de volonté de contribuer à un groupe de huit personnes non identifiées par rapport à un groupe de huit personnes identifiées avec nom, âge et photo n'était que de 0,63, les participants étant en fait plus disposés à contribuer au groupe de huit personnes non identifiées qu'au groupe de huit personnes identifiées.

La détresse face à l'empathie

Les deuxième et troisième études ont également révélé que les sentiments d'anxiété et de détresse motivaient la volonté de contribuer, mais que les sentiments d'empathie avaient un impact moins important. Les personnes se sentaient le plus en détresse face à des victimes identifiables et singulières et étaient donc les plus susceptibles de faire un don dans ce cas. Dans l'ensemble, les victimes singulières ont suscité davantage de détresse. En termes de théorie rationnelle, il n'est pas logique que les gens soient plus affligés par une seule personne dans le besoin que par un groupe de personnes, ce qui montre la forte influence des émotions sur nos décisions. Le fait que la détresse soit davantage corrélée à la volonté de contribuer suggère en partie que notre volonté de contribuer est motivée par notre désir de nous débarrasser de nos sentiments d'anxiété, ce qui corrobore l'hypothèse du risque en tant que sentiment.

Les organisations caritatives, les organisations à but non lucratif et les gouvernements encourageraient tous le comportement de donateur, car il peut aider une variété de causes qui ont besoin de l'attention de la société. La recherche de la meilleure façon de promouvoir ce comportement - en veillant à contextualiser la situation de manière à susciter la plus grande réaction émotionnelle possible afin d'accroître la volonté de contribuer - devrait être une priorité pour les organisations caritatives et les gouvernements.

Industrie
Application
Santé Les dons d'organes sauvent des vies, mais il est difficile de motiver les gens à devenir des donneurs d'organes. L'effet de victime identifiable pourrait aider à influencer les gens pour qu'ils acceptent de devenir donneurs d'organes, en particulier lorsque les histoires racontées aux donneurs potentiels sur les donneurs précédents ne sont pas identifiables, mais que les histoires sur les patients qui ont reçu des donneurs et ont survécu sont rendues personnelles.
Don de charité Les organismes de bienfaisance peuvent utiliser l'effet de victime identifiable et l'hypothèse du risque en tant que sentiment pour informer la façon dont ils communiquent leur cause et dont ils demandent des dons. 
Climat & ; Énergie Le changement climatique est un problème existentiel qui nous concerne tous, mais il est très difficile d'amener les gens à s'en préoccuper ou à modifier leur comportement. Cela est dû, en partie, au biais de distance : parce que nous nous sentons loin des conséquences du changement climatique, nous ne sommes pas motivés pour agir. Les militants et les organisations de lutte contre le changement climatique peuvent utiliser l'effet de victime identifiable pour tenter d'obtenir un soutien à la cause et inciter les gens à contribuer à la lutte contre le changement climatique.

L'éthique

  • Les résultats des études ont des implications positives pour la société dans son ensemble, car ils permettent de comprendre comment amener les gens à vouloir contribuer à ceux qui sont dans le besoin.
  • L'étude a garanti la confidentialité des participants en ne divulguant aucun détail permettant de les identifier et n'a pas utilisé d'histoires d'enfants réels dans le besoin.
  • Les chercheurs ne se sont pas demandé s'il était éthique ou non de partager l'identité des victimes dans la vie réelle, ce qui pourrait constituer un obstacle à l'efficacité de l'effet "victime identifiable".
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Dimension
Verdict
Commentaires
Bien-être

L'intervention améliore-t-elle de manière démontrable la vie des personnes concernées ?
Positif
Aider les personnes dans le besoin est un comportement socialement positif et peut contribuer au bien-être général de la société. 
L'intervention respecte-t-elle la vie privée (y compris la confidentialité de l'identité) des personnes concernées ?
Positif
La vie privée des participants a été préservée car aucune caractéristique identifiable n'a été divulguée dans le cadre de l'étude. En outre, l'étude a utilisé des histoires fictives sur des enfants dans le besoin, ne révélant ainsi aucun détail sur la détresse réelle d'une personne.
L'intervention dispose-t-elle d'un plan de contrôle de la sécurité, de l'efficacité et de la validité de l'intervention ?
Positif
La sécurité des participants n'a pas été affectée, puisqu'on leur a simplement demandé de faire part de leur volonté de contribuer et de leur état émotionnel. Les participants qui pensaient contribuer avec de l'argent réel ne le faisaient pas. 
Autonomie

L'intervention respecte-t-elle un degré raisonnable de consentement?
Positif
Les participants, recrutés dans une université, savaient qu'ils participaient à une étude et ont donné leur consentement. 
L'intervention respecte-t-elle la capacité des personnes concernées à prendre leurs propres décisions ?
Positif
Les participants ont fait part de leur volonté de contribuer en privé et n'ont pas eu à partager avec leurs pairs, minimisant ainsi l'influence de la pression sociale. 
L'intervention augmente-t-elle le nombre de choix disponibles pour ceux qu'elle affecte ?
Information insuffisante/Non applicable
Les participants pouvaient contribuer autant ou aussi peu qu'ils le souhaitaient - leurs options n'étaient pas limitées.
Capital

L'intervention reconnaît-elle les perspectives, les intérêts et les préférences de toutes les personnes qu'elle affecte, y compris les groupes traditionnellement marginalisés ?
Mesure à prendre
L'étude n'examine pas si les victimes se sentiraient à l'aise de partager des facteurs identifiables, ce qui pourrait constituer un obstacle à l'efficacité de l'effet de la victime identifiable. 
Les participants sont-ils diversifiés ?
Information insuffisante/Non applicable
Tous les participants venaient de la même université, mais aucune autre caractéristique n'était partagée.
L'intervention contribue-t-elle à assurer une distribution juste et équitable de l'aide sociale ?
Positif
L'intervention contribue à promouvoir une distribution équitable de l'aide sociale en encourageant les individus à aider ceux qui sont dans le besoin.

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