Comment les normes sociales influencent la perception du risque lié à la consommation d'alcool chez les étudiants

Intervention · Santé

Résumé

Les habitudes et les convictions des étudiants en matière de consommation d'alcool (y compris les risques liés à l'alcool) sont largement influencées par leur environnement. Cette étude a mené deux expériences pour comprendre comment les étudiants évaluent les risques pour la santé associés à la consommation d'alcool.1

Plus précisément, ils testent si les étudiants utilisent un système de classement pour comparer leur comportement de consommation d'alcool à celui des autres afin d'évaluer le risque de leur propre comportement. La première étude a interrogé les étudiants sur leur propre consommation d'alcool, leur perception du comportement des autres en matière de consommation d'alcool et leur perception du risque de développer des troubles liés à l'alcool. La seconde étude a examiné l'influence du contexte sur la perception des risques liés à la consommation d'alcool par les étudiants. Les études ont montré que les étudiants n'évaluent pas les risques en se comparant à la quantité moyenne d'alcool consommée par les autres, mais que leur jugement se fonde plutôt sur la place qu'occupe leur consommation dans un échantillon sélectionné.

Note = 4/5 (généralisation limitée ; manque d'informations ; résultats significatifs)

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Comment les étudiants évaluent le risque de développer un trouble lié à l'alcool dans des contextes personnels et hypothétiques
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Condition
Résultats
Les participants ont a) estimé les niveaux de consommation hebdomadaires moyens d'autres adultes et b) évalué leur propre risqueL'évaluation du risque dépendait du rang relatif parmi les autres adultes
Les participants évaluent le risque de boire x quantité d'alcool à partir d'une liste de quantités d'alcool L'évaluation du risque dépendait du rang relatif parmi les quantités énumérées dans la liste fournie

Concepts clés

Normes sociales : un ensemble de croyances détenues par un groupe social qui implique un comportement acceptable dans une situation donnée.

Approche des normes sociales : stratégie d'intervention fondée sur le principe selon lequel les individus perçoivent généralement mal les attitudes et les comportements des autres et adaptent leur comportement en fonction de normes perçues de manière incorrecte. L'approche des normes sociales vise à modifier les comportements en corrigeant ces perceptions erronées.

Modèle de décision par échantillonnage (DbS) : théorie de la prise de décision qui suggère que nous prenons des décisions en commençant par prélever un échantillon de valeurs dans notre mémoire et notre environnement immédiat, puis en comparant leur comportement à l'échantillon et en se classant séquentiellement, et enfin en additionnant ces classements pour évaluer leur "rang relatif" dans la distribution de l'échantillon.2

Le problème

La consommation excessive d'alcool à l'université peut entraîner des troubles à vie

Il est de plus en plus évident que la consommation excessive d'alcool pendant l'adolescence peut augmenter le risque de dépendance à l'alcool tout au long de la vie et d'autres troubles liés à l'alcool. Il s'agit d'un problème de santé grave en raison du pourcentage élevé d'étudiants qui déclarent s'adonner régulièrement à une consommation excessive d'alcool. Il est essentiel de comprendre comment ils perçoivent les risques associés à la consommation d'alcool pour créer des interventions visant à promouvoir un comportement plus sain.3

La recherche sur les normes sociales suggère que la perception que nous avons de nos propres habitudes de consommation dépend du comportement de ceux qui nous entourent. La première étape d'une intervention efficace consiste donc à comprendre le processus exact par lequel nous sommes influencés par notre environnement.

Nous adaptons notre comportement et nos croyances à la norme.

Il existe de nombreuses recherches sur les interventions qui appliquent l'approche des normes sociales au changement de comportement. Cependant, elles partent du principe que le processus d'ajustement des comportements et des croyances pour répondre aux normes sociales implique que les gens se comparent au comportement moyen perçu. Une théorie moins vérifiée est le modèle de décision par échantillonnage (DbS), qui suggère que nous ne nous comparons pas simplement à la moyenne, mais que nous nous classons parmi les autres.

Conception

Étude 1 : Déterminer si le risque perçu est dérivé du rang perçu

Les chercheurs ont d'abord vérifié si la perception qu'ont les étudiants de la quantité d'alcool consommée par les autres influençait leur perception des risques liés à leur propre consommation d'alcool.

Les chercheurs ont demandé à 250 étudiants de premier cycle qui consomment de l'alcool de remplir un questionnaire comportant trois sections :

Section 1 : les participants ont été invités à indiquer la quantité de bière, de vin et d'autres spiritueux qu'ils buvaient en moyenne au cours d'une semaine.

Deuxième section : les participants devaient donner une valeur en pourcentage aux questions sur le risque de développer un trouble de santé lié à l'alcool au cours des 20 prochaines années s'ils continuaient à consommer de l'alcool comme ils le font actuellement.

Troisième section : les participants devaient répondre à des questions sur la quantité d'alcool qu'ils pensaient que les autres buvaient en moyenne au cours d'une semaine. En comparant cette question au comportement déclaré des étudiants en matière de consommation d'alcool dans la première section, il a été possible d'évaluer de manière plus implicite la place qu'ils occupaient dans le grand public.

Étude 2 : Déterminer si le risque perçu est dérivé du rang perçu

Dans la seconde étude, les chercheurs ont vérifié si les participants évaluaient le risque en comparant leur comportement de consommation d'alcool à la quantité moyenne consommée par les autres, ou s'ils se classaient eux-mêmes parmi les autres.

81 étudiants de premier cycle ont été répartis au hasard en deux groupes. Chaque groupe a reçu un document contenant une liste de onze quantités d'alcool différentes. La liste des quantités différait entre les deux groupes, mais les deux listes avaient la même moyenne (36) et trois "quantités cibles" (en gras).

Première liste : 5, 19, 26,5, 30, 32, 33, 34, 36, 39,5, 47 et 61 unités par semaine

Liste deux : 5, 6, 8, 11,5, 19, 33, 47, 54,5, 58, 60 et 61 unités par semaine.

Pour chaque quantité, les participants ont été invités à évaluer le pourcentage de risque de développer un trouble lié à l'alcool s'ils continuaient à boire cette quantité pendant les 20 prochaines années. Les quantités cibles étaient identiques dans les deux listes et se situaient à la même distance de la moyenne. Par conséquent, si les participants évaluent le risque pour chaque quantité d'alcool sur la base de la moyenne, les unités cibles devraient être considérées comme présentant le même risque dans les deux groupes. En revanche, s'ils évaluent le degré de risque en fonction du rang, le degré de risque de la quantité cible sera différent.

Cadre 4E

Le postulat de cette étude repose sur le cadre des 4E tel qu'il est utilisé dans les sciences cognitives. Le cadre 4E se compose ici des dimensions suivantes : incarné, intégré, étendu et actif : Embodied (incarné), Embedded (intégré), Extended (étendu) et Enactive (actif). L'idée qui sous-tend ce cadre est que notre cerveau, notre corps, notre environnement physique et social interagissent tous et façonnent notre cognition. Dans ce cas, les dimensions fournissent une base utile pour comprendre comment les gens évaluent les risques liés à la consommation d'alcool. Premièrement, nos comportements en matière de consommation d'alcool sont incarnés, ce qui signifie qu'il ne s'agit pas de comportements calculés dictés uniquement par notre esprit, mais qu'ils impliquent des émotions et d'autres sensations corporelles, par exemple le plaisir ressenti lorsqu'on fait partie d'un groupe. Deuxièmement, nos évaluations sont ancrées dans notre société et notre culture. Troisièmement, nous étendons l'évaluation des risques à un simple processus de comparaison avec un échantillon de personnes de notre entourage. Enfin, le processus d'évaluation des risques est énactif car il implique à la fois des processus corporels et des influences environnementales.

Résultats et application

La relation entre la perception du risque, le rang perçu et la consommation réelle d'alcool

En comparant la quantité d'alcool déclarée par les participants à leur perception de la consommation d'alcool des autres et aux risques perçus associés à la consommation d'alcool, les résultats de la première étude montrent que le risque perçu est prédit par le niveau de consommation d'alcool et le rang perçu, mais pas par l'écart de la consommation personnelle par rapport à la moyenne.

Les résultats de la deuxième étude ont montré que le rang d'un montant cible dans le contexte des autres montants de la liste influençait le niveau de risque qui lui était attribué. Par exemple, la quantité cible 19 (unités d'alcool par semaine) a été classée deuxième en termes de risque dans le premier groupe et cinquième dans le deuxième groupe.

Le mécanisme d'adhésion aux normes

Cette étude permet de mieux comprendre les mécanismes cognitifs qui sous-tendent l'influence des normes sociales sur le comportement et la perception du risque. Plus précisément, elle montre que lorsque nous recueillons des preuves sociales sur la manière d'agir dans une certaine situation sociale, nous ne nous comparons pas simplement à la moyenne, mais nous nous classons parmi les autres.

Industrie
Application 
Climat et énergie Le comportement écologique doit devenir une norme sociale si nous voulons voir un changement positif. Mais d'abord, la norme sociale doit être établie. Prouver un retour d'information personnalisé sur la consommation d'eau et d'énergie permettant à une personne de se classer parmi ses voisins pourrait aider à changer les comportements et à établir des normes sociales plus vertes. 
Santé et bien-être
Politique publique Les résultats de cette étude peuvent être utilisés pour créer des campagnes d'information plus efficaces visant à modifier les comportements.

L'éthique

  • Les résultats fournissent un moyen simple d'améliorer les interventions comportementales basées sur les normes sociales.
  • Le biais de réponse peut être une limitation car les étudiants déclarent eux-mêmes la quantité qu'ils boivent.
  • L'étude n'a porté que sur des étudiants de l'enseignement supérieur, ce qui limite la généralisation de la recherche.
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Dimension
Verdict
Commentaires
Bien-être

L'intervention améliore-t-elle de manière démontrable la vie des personnes concernées ?
Positif
Il fournit un moyen d'améliorer les interventions visant à réduire la consommation excessive d'alcool. 
L'intervention respecte-t-elle la vie privée (y compris la confidentialité de l'identité) des personnes concernées ?
Positif
Aucun des participants n'a été identifié.
L'intervention dispose-t-elle d'un plan de contrôle de la sécurité, de l'efficacité et de la validité de l'intervention ?
Mesure à prendre
L'efficacité des résultats lorsqu'ils sont appliqués à une population plus large est incertaine, et les plans pour mener d'autres recherches n'ont pas été mentionnés.
Autonomie

L'intervention respecte-t-elle un degré raisonnable de consentement?
Mesure à prendre
L'étude ne mentionne pas comment elle a obtenu le consentement des participants.
L'intervention respecte-t-elle la capacité des personnes concernées à prendre leurs propres décisions ?
Positif
Les participants ne sont pas limités dans l'évaluation du risque perçu ou dans leurs comportements de consommation d'alcool.
L'intervention augmente-t-elle le nombre de choix offerts aux personnes concernées ?
Mesure à prendre
Les choix des participants en matière de consommation d'alcool restent les mêmes.
Equité

L'intervention reconnaît-elle les perspectives, les intérêts et les préférences de tous ceux qu'elle affecte, y compris les groupes traditionnellement marginalisés ?
Mesure à prendre
L'étude mentionne seulement qu'elle a utilisé des étudiants de premier cycle de sexe masculin et féminin. 
Les participants sont-ils diversifiés ?
Mesure à prendre
Comme les participants étaient des étudiants de premier cycle, il se peut que la diversité en termes d'âge et de statut socio-économique soit insuffisante.
L'intervention contribue-t-elle à assurer une distribution juste et équitable du bien-être ?
Information insuffisante/Non applicable
L'étude ne mentionne pas comment les résultats peuvent être utilisés pour une distribution équitable de l'aide sociale.

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Sources

  1. Wood, A. M., Brown, G. D., & Maltby, J. (2011). Social norm influences on evaluations of the risks associated with alcohol consumption: Applying the rank-based decision by sampling model to health judgments. Alcohol and Alcoholism, 47(1), 57-62. https://doi.org/10.1093/alcalc/agr146
  2. Stewart, N., Chater, N., & Brown, G. D. (2006). Decision by sampling. Cognitive Psychology, 53(1), 1-26. https://doi.org/10.1016/j.cogpsych.2005.10.003
  3. Moreira, M. T., & Foxcroft, D. (2007). Social norms interventions to reduce alcohol misuse in University or college students. Cochrane Database of Systematic Reviews. https://doi.org/10.1002/14651858.cd006748
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