Comment les paramètres par défaut ont doublé les taux de dons d'organes aux États-Unis

Intervention · Soins de santé

Résumé

Le manque d'organes disponibles pour le don est un problème important aux États-Unis, où l'option par défaut - définie comme la condition présente lorsqu'une personne ne prend pas de décision - est de ne pas être donneur. Cette pénurie est déroutante, car les taux d'approbation des dons d'organes aux États-Unis sont très élevés, avoisinant les 95 %.1

Pour étudier ce décalage entre les attitudes et l'action, les chercheurs ont créé une enquête dans laquelle les répondants devaient indiquer s'ils seraient ou non donneurs dans l'une des trois conditions suivantes : opt-in (par défaut, ne pas être donneur), opt-out (par défaut, être donneur) ou une condition neutre dans laquelle ils choisissaient de ne pas être donneurs par défaut. Ils ont constaté que les taux de don dans la condition "opt-out" étaient deux fois plus élevés que dans la condition "opt-in". Ces résultats reflètent le pouvoir de l'option par défaut et suggèrent qu'il pourrait s'agir d'un moyen d'augmenter les taux de don, et donc de sauver des vies.

Evaluation : 5/5 (facile à mettre en œuvre, résultats significatifs)

Les résultats de l'enquête ont été publiés dans le rapport de l'enquête.

Comment une option par défaut a augmenté les taux de dons d'organes
Condition
Résultats
Par défaut n'est pas donneur 42% consentent à être donneur
Par défaut est un donneur 82% consentent à être donneur
Condition neutre sans défaut antérieur 79% de consentement à être donneur

Concepts clés

Défauts : L'option que nous obtenons lorsque nous ne faisons pas de choix.

Condition d'acceptation : Lorsqu'une personne doit prendre des mesures pour confirmer qu'elle consent à quelque chose, sinon on suppose qu'elle n'y consent pas et que le changement n'aura pas lieu.

Condition d'exclusion : Lorsque le consentement d'une personne est présumé sans qu'aucune action ne soit entreprise de sa part ; pour retirer son consentement, la personne doit entreprendre une action.

Homo economicus : Terme utilisé pour décrire le comportement rationnel de l'homme, qui diffère grandement des comportements naturels de l'homme.

Le problème

Attente de dons d'organes

Le manque d'organes viables à donner a contribué à d'innombrables décès évitables. Aux États-Unis, où l'option par défaut est de ne pas être donneur d'organes, il y a actuellement plus de 100 000 personnes sur la liste d'attente pour une transplantation d'organe. Malheureusement, 17 personnes meurent chaque jour en raison du manque d'organes disponibles.2 Bien qu'il y ait clairement un manque de donneurs, l'approbation du don d'organes aux États-Unis est élevée, avec près de 95 %, selon une enquête Gallup de 2012.1 Que peut-on faire pour combler ce fossé entre le besoin et la disponibilité ?

Approches précédentes

De nombreuses personnes ont également observé ce décalage et ont proposé des solutions qui s'inscrivent dans une perspective économique classique, selon laquelle les gens n'apprécient guère les dons d'organes. Ils ont suggéré une campagne d'annonces de service public, un marché des organes ou même que les organes deviennent propriété publique après la mort. Ce qui leur manque, cependant, c'est un regard critique sur les raisons pour lesquelles les taux de dons sont élevés dans certains pays européens, où l'option par défaut est d'être un donneur d'organes. Étant donné que nous ne nous comportons pas comme l'Homo economicus, Johnson et Goldstein ont utilisé une perspective comportementale pour découvrir à quel point les options par défaut peuvent avoir un impact.

Conception

En laboratoire : enquêtes

Le duo de chercheurs a créé une enquête dans laquelle les participants devaient faire semblant de déménager dans un nouvel État où les options par défaut variaient sur trois formulaires de don d'organes. La première condition était une condition d'acceptation, où l'option par défaut était de ne pas être un donneur d'organes. Pour changer ce statut, le répondant devait sélectionner manuellement le statut de donneur d'organes. La deuxième condition, la condition de refus, était identique, sauf que la condition par défaut était d'être donneur. La troisième était une condition neutre, dans laquelle il n'y avait pas de condition par défaut et où les participants pouvaient choisir librement d'être ou non donneur.

Des résultats concrets : Taux de dons d'organes en Europe

Pour replacer ces résultats dans leur contexte, les chercheurs ont contacté les registres centraux de plusieurs pays européens afin d'obtenir une approximation du taux de consentement effectif à plus grande échelle. Le taux de consentement effectif est le nombre de personnes qui ont opté pour le consentement explicite dans les pays où le consentement est explicite, et qui ont opté pour le refus dans les pays où le consentement est présumé.

Enfin, ils ont élargi leur champ d'investigation et examiné une liste plus importante de pays pour lesquels les taux de dons ont été enregistrés entre 1991 et 2001. Ils ont également contrôlé les variables susceptibles d'avoir un impact négatif sur les taux, telles que les croyances religieuses et l'infrastructure hospitalière.

Le cadre MINDSPACE

Un cadre MINDSPACE a guidé leurs pratiques dans la recherche de ces réponses. Le cadre MINDSPACE s'articule autour de neuf éléments :

  1. Messager - Nous sommes fortement influencés par la personne qui communique l'information.
  2. Incitations - Nos réactions aux incitations sont façonnées par des raccourcis mentaux prévisibles, tels que le désir profond d'éviter les pertes.
  3. Normes - Nous sommes fortement influencés par ce que font les autres.
  4. Défauts - Nous suivons le courant des options préétablies.
  5. Saillance - Notre attention est attirée par des éléments nouveaux qui nous semblent pertinents.
  6. Amorçage - Nos actions sont souvent influencées par des indices subconscients.
  7. Affect - Nos actions peuvent être fortement influencées par nos associations émotionnelles.
  8. Engagements - Nous nous efforçons d'être cohérents avec nos promesses publiques et d'agir en conséquence.
  9. Ego - Nous agissons de manière à nous sentir mieux dans notre peau. 3

Résultats et application

Les formulaires d'exclusion ont permis de doubler le nombre d'inscriptions

Les résultats de l'enquête ont montré que les participants dans la condition opt-out avaient un taux de don presque deux fois plus élevé que ceux dans la condition opt-in. Ils ont également montré qu'il n'y avait pas de différence significative entre la condition neutre (79 % de consentement au don) et la condition opt-out (82 % de consentement au don). Il y avait cependant des différences significatives entre ces deux conditions et la condition "opt-in" (taux de consentement au don de 42 %).

Des résultats similaires dans le monde réel

Les deux initiatives de recherche secondaires de Johnson et Goldstein, portant sur le taux de consentement effectif des pays européens et sur le nombre de dons de cadavres d'un plus grand nombre de pays, confirment l'affirmation selon laquelle les paramètres par défaut influencent les taux de don. Ces données, qui s'ajoutent à celles de l'enquête, suggèrent que le passage à la non-participation par défaut aux États-Unis pourrait augmenter le nombre de donneurs de 1 000 par an. Étant donné que chaque donneur peut sauver jusqu'à huit vies, les décideurs politiques devraient envisager de modifier l'option par défaut, car cela pourrait être un moyen efficace de sauver jusqu'à 8 000 vies par an.2

Industrie
Application
Philanthropie
Services financiers Les banques pourraient fixer leur valeur par défaut de manière à ce qu'un dollar soit envoyé sur le compte d'épargne du consommateur après chaque transaction, alors qu'il ne s'agit actuellement que d'une méthode opt-in.
Climat et énergie Les compagnies d'énergie pourraient faire en sorte que les sources d'énergie durables soient utilisées par défaut, et il est probable que cela influencerait les consommateurs à adopter des pratiques plus durables, car ils seraient moins enclins à se donner du mal pour changer de source d'énergie.

L'éthique

  • La difficulté d'éviter le coup de pouce était négligeable.
  • Cette intervention pourrait augmenter considérablement les taux de dons d'organes et sauver des milliers de vies.
. . .

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Dimension
Verdict
Commentaires
Bien-être

L'intervention améliore-t-elle de manière démontrable la vie des personnes concernées ?
Positif
L'augmentation des taux de dons par défaut pourrait sauver environ 8 000 vies par an aux États-Unis.
L'intervention respecte-t-elle la vie privée (y compris l'identité) des personnes concernées ?
Positif
Oui, car aucune des personnes interrogées n'a été identifiée. Il n'identifie pas non plus les receveurs d'organes. Oui, car aucun des répondants à l'enquête n'a été identifié.
L'intervention dispose-t-elle d'un plan de contrôle de la sécurité, de l'efficacité et de la validité de l'intervention ?
Mesure à prendre
Autonomie

L'intervention respecte-t-elle un degré raisonnable de consentement?
Positif
Les répondants à l'enquête étaient libres de partir à tout moment sans crainte de représailles.
L'intervention respecte-t-elle la capacité des personnes concernées à prendre leurs propres décisions ?
Positif
Même si l'option par défaut aux États-Unis était modifiée, les individus auraient toujours la liberté de refuser le don d'organes s'ils le souhaitaient.
L'intervention augmente-t-elle le nombre de choix disponibles pour ceux qu'elle affecte ?
Positif
L'intervention offre le même nombre de choix aux donneurs potentiels. 
Equité

L'intervention reconnaît-elle les perspectives, les intérêts et les préférences de toutes les personnes qu'elle affecte, y compris les groupes traditionnellement marginalisés ?
Positif
Cette intervention reconnaît très bien la question multidimensionnelle du don d'organes et aborde les nombreuses raisons pour lesquelles une personne peut ou ne peut pas vouloir faire un don.
Les participants sont-ils diversifiés ?
Information insuffisante
Aucune donnée n'est fournie sur la diversité des participants à l'enquête, ni sur les noms des pays spécifiques dont les taux de don ont été analysés. L'enquête n'a compté que 161 répondants.
L'intervention contribue-t-elle à assurer une distribution juste et équitable du bien-être ?
Positif
Il encourage les décideurs politiques à modifier le paramètre par défaut afin que davantage d'organes soient donnés et que davantage de vies soient sauvées.

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Sources

  1. U.S. Department of Health and Human Services. (2013, September). 2012 National Survey of Organ Donation Attitudes and Behaviors. https://www.organdonor.gov/sites/default/files/organ-donor/professional/grants-research/national-survey-organ-donation-2012.pdf.
  2. Health Resources & Services Administration. (2021, May). Organ Donation Statistics. https://www.organdonor.gov/learn/organ-donation-statistics
  3. MINDSPACE Framework. The Decision Lab. (n.d.). https://thedecisionlab.com/reference-guide/neuroscience/mindspace-framework/
  4. Johnson, E. J., & Goldstein, D. (2003). Do defaults save lives? Science, 302(5649), 1338–1339. https://doi.org/10.1126/science.1091721.  
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